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~ Gemminy ~

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Message  fallenRaziel Mer 12 Oct - 12:49

C'est un univers que j'ai créé de toutes pièces qui s'appelle Zyrconia. C'est un monde de type fantasy, mais pas avec les codes ordinaires, genre trolls, elfes, nains et orques. C'est en fait un monde qui ressemble un peu au nôtre mais dans un passé lointain et avec des règles différentes. Vous croiserez bien des dragons au début, mais c'est sûrement la seule créature typique fantasy que vous y trouverez.
Certains éléments, comme les cristaux ou les éléments (ou la lune), pourront vous paraître familier (je jouais à FFIV pendant que je rédigeais), mais la façon dont je combine ses éléments est originale et surtout bien plus complexe et élaborée qu'un FF.
Dans Zyrconia, les nom des personnages et des lieux ont un rapport avec la gemmologie (pour ceux que ça intéresserai de savoir d'où viennent certains noms parfois nébuleux). Le titre lui-même est un jeu de mots entre "gemini" (le signe astrologique des Gémeaux, mes deux héros sont des jumeaux) et "gemme". Ce n'est dont pas une faute de frappe.

Je sais que ça peut paraître assez cliché de dire ça, mais j'ai eu l'idée de cette histoire après un rêve très court que j'ai fait, dans lequel j'étais un personnage aux cheveux longs blancs, muet, avec un frère/soeur jumeau/elle (je ne me suis pas rendue compte des sexes, je change souvent de sexe dans mes rêves) ; nous étions dans une forêt éclairée par la lune, tout était dans les tons blancs, noirs et bleus, et je me souviens d'une atmosphère à la fois tranquille mais pleine de menaces... C'est la seule image dont je me souviens, et en me réveillant, j'ai eu envie d'écrire.

Jusqu'à présent je n'avait écrit que deux fanfictions : une sur Legacy of Kain (qui a presque tourné à la fiction tout court) et une sur Silent Hill (univers qui m'inspire beaucoup) ; c'est donc le premier texte original que je produis.

Mais trêve de bavardage, je poste le premier chapitre, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ça peut encore être modifié. Oui, c'est en plusieurs chapitres, c'est donc pas une nouvelle mais une longue histoire, seulement j'ai pas trouvé de meilleure section pour la mettre lol

~ Gemminy ~ 885873logofini3

CHAPITRE 1 - Les Feux des Drakones


"Si l'on met le feu à ta maison, approche-toi pour t'y chauffer."


Les flammeroles sulfuriques s'élevaient tels des serpents dans l'air surchauffé de ce coin du monde qui était l'un des plus reculés et sans aucun doute le plus chaud. A certains endroits, les pierres étaient si brûlantes qu'on aurait pu y faire griller un quartier de viande en moins de trente secondes. Et pourtant, au-delà des panaches de fumée, le ciel semblait d'un bleu limpide, inattaquable, indifférent à la fournaise qui régnait en bas.

Ici, dans le sud de Zyrconia, il n'était pas rare de tomber sur des Drakones, à condition bien sûr d'avoir le courage de s'aventurer dans les Pics Volcaniques, véritable barrière naturelle entre cette région et le reste du monde. A moins d'avoir quelque chose d'important à y faire, les habitants du village voisin ne s'y rendaient pas : trop dangereux. De plus, cette saison était celle de la ponte, et les femelles Drakones étaient particulièrement agressives pendant cette période. Mais le danger ne rebute pas tout le monde.

A travers les gaz nauséabonds, deux silhouettes se mouvaient avec facilité. Elles connaissaient les chemins sûrs praticables, et savaient éviter les geysers qui jaillissent de temps en temps de trous dissimulés dans le sol. Leurs cheveux d'argent luisaient dans la lueur rougeâtre qui les entourait, comme des fils ouvragés et entrelacés, et semblaient comme animés d'une vie propre.
Ce n'était peut-être pas le meilleur moment, mais les réserves de pierres flambeaux étaient épuisées, et il fallait bien que quelqu'un se charge du travail d'en ramener d'autres.

L'un des deux jeunes hommes se reposa sur une pierre froide, en observant son compagnon avec intérêt ; leurs traits étaient si semblables qu'à première vue, on ne pouvait les distinguer l'un de l'autre, mais en y regardant de plus près, des dissemblances apparaissent.

Celui des deux frères qui s'était penché pour ramasser le précieux matériaux avait une expression concentrée, volontaire, on devinait chez lui un fort caractère, têtu et frondeur. L'autre, bien qu'observant son jumeau, semblait à la fois rêveur et craintif, ses yeux rouges voilés d'ombres vagues et fugitives, comme des nuages errants. Son regard semblait passer sur son frère sans le voir, et, comme s'il craignait quelque chose, il jouait avec l'ourlet de sa robe blanche.

L'aîné sent que son frère n'est pas tranquille et se tourne vers lui, en souriant :

"Ne t'inquiète pas", le rassura-t-il, "nous ne sommes pas si loin et puis il n'y a pas de nid par ici."

Son cadet lui renvoie son regard sans rien dire, les lèvres légèrement entrouvertes comme pour lui répondre, mais aucun son ne sort de sa bouche. Son frère lui répond pourtant :

"Bien sûr qu'il le faut. Si on ne fait pas de réserve, nous risquons d'avoir froid cet hiver."

Les pierres flambeau ont la propriété de brûler comme du charbon quand on les frotte les unes contre les autres. Certains disent que ce serait en fait de la fiente de Drakones très ancienne, mais les habitants se fichaient en fait de le savoir : ce matériaux était nécessaire à leur survie.

L'aîné reprend son labeur, la sueur au front, haletant un peu à cause de l'air chargée d'effluves piquantes. Il se passe l'avant-bras sur le front, se redresse un peu et contemple les environs.

Au loin, au nord, des montagnes menaçantes dressaient leurs pics déchiquetés vers le ciel bleu, comme s'ils voulaient piquer les nuages. Pas de végétation, pas d'arbres, pas d'eau dans cette région : rien ne semblait pouvoir vivre ici, à part les Drakones bien sûr. Ces gigantesques lézards ailés pouvaient survivre sans eau paraît-il, mais de quoi se nourrissaient-ils ? Personne ne le savait, car personne n'avait jamais été assez fou pour approcher une de ces bêtes et le lui demander. Les Anciens racontent souvent que les Drakones étaient auparavant des lézards inoffensifs, mais qu'un mauvais sort leur aurait été jeté, les transformant en monstres démoniaques.

Aucun oiseau ne survolait la zone, et ils étaient d'ailleurs très rares, ici, au sud. Parfois, on pouvait en apercevoir qui survolaient le village, mais jamais ils ne se posaient. Région inhospitalière, devaient-ils se dire.

Cependant, il ne faisait pas si mal vivre ici, une fois qu'on mettait de côté les chaleurs caniculaires de l'été. Leur petit village, TigrEye, était certes coupé du monde par les Pics, mais de toute façon, que pouvait-il y avoir d'intéressant au-delà de ces remparts naturels ? Ils avaient tout ce dont ils avaient besoin, et ce dont ils ne disposaient pas, ils avaient appris à s'en passer. Les sources d'eau douces étaient rares mais ne faisaient jamais défaut à ceux qui savaient où les trouver ; les plantes poussaient bien ici, car la terre était fertile, grâce aux volcans. Ils élevaient quelques bêtes pour leur viande et leur lait, mais ils se nourrissaient surtout du produit de leur terre.

Leurs maisons étaient solides et relativement fraîches en été, façonnées dans du magma solidifié et recouvertes de boue. Elles étaient douillettes, et si elles ne payaient pas de mine vues de l'extérieure, on s'y sentait tout de suite bien une fois à l'intérieur. Certaines habitations étaient plus grandes que d'autres, mais la plus grande était sans conteste le temple du Feu du Sud, leur seul et unique lieu de culte, dont seuls les prêtres connaissaient les secrets.

Même s'ils s'y sentaient bien, les deux frères se demandaient parfois pourquoi les ancêtres avaient choisi de construire leur village dans un lieu aussi inhospitalier. Enfin, peut-être que le reste du monde était pire...

Et, pas loin, de là, il y avait les restes de...

Une vrille de douleur traversa la tête de l'aîné. Il se toucha le visage de la main, puis se tourna vers son frère : une véritable expression de terreur se lisait sur son visage.

"Beryl ? Qu'est-ce qu..."

Mais il n'eut pas besoin de demander : en suivant le regard de son frère, dirigé vers le sud, il comprit : un énorme panache de fumée noire, totalement anormal, s'élevait au loin. Non, pas si loin que ça. Approximativement dans la direction de...

"Beryl ! Qu'est-ce qui se passe ?!" s'écria-t-il, lâchant son sac de pierres flambeau. "Il y a un problème au village ! Il faut rentrer tout de suite !"

Prenant son frère par la main, ils se mirent à courir, leurs vêtements blancs légers flottants derrière eux.

~ Gemminy ~ 230193gempara1

Ce furent les cris qu'ils perçurent en premier. Puis ils sentirent la chaleur de flammes enragées dévastant les maisons, les champs, les puits... Des gens couraient en tout sens, des visages connus apparaissant et disparaissant dans le flamboiement mortel qui finissait par les consumer. Déjà, les premiers corps gisant à terre, morts asphyxiés par la fumée mortelle...

Non, pas tous. Là, un cadavre tout juste tombé portait les marques d'une blessure au torse.

L'aîné des deux frères s'agenouilla pour examiner le corps : on lui avait passé une épée au travers. L'incendie n'était pas responsable. Et il n'était pas accidentel... Qui avait pu faire cela ?

Se relevant, il scruta les environs et huma l'air. L'incendie venait de ce côté, du centre de TigrEye. Reprenant la main de son frère tremblant, il s'y dirigea. Essayant de ne pas regarder les cadavres qui jalonnaient leur route, les deux frères, la main devant la bouche ou les yeux, avançaient, ne pouvant s'empêcher de chercher du regard une silhouette mobile, marchant ou se traînant, prouvant qu'ils n'étaient pas seuls dans cet enfer. Et ils trouvèrent : là, adossé à une maison encore intacte, un vieil homme suffoquait. Ils le reconnurent, et coururent vers lui.

"Néphryth !" s'exclama l'aîné, hors d'haleine. "Que s'est-il passé ?! Il y a eu un accident dans le Temple ? D'où vient ce feu ?!"

Le vieil homme ne sembla pas le reconnaître tout de suite, mais ses yeux embués finirent par se poser sur les jumeaux.

"Fuir... Ils l'ont prise...", souffla-t-il. "Le feu... s'est déchaîné... Les prêtres... ont pas laissé faire... Ils l'ont prise...

- Qui a pris quoi ?!" Le jeune homme secoua un peu les épaules du vieux Néphryth.

- La pierre... légendaire... L'Empire... nous ont trouvé... Tout est perdu..."

Le vieux s'affaissa un peu. L'aîné le secoua un peu plus fort.

"Où est Fery, Néphryth ? L'as-tu vu ? Est-elle encore vivante ?!"

Mais le vieux Néphryth était partir rejoindre ses ancêtres, son souffle l'abandonnant, et le coeur brisé par la destruction de son village. Le jeune homme, l'allongea sur le sol, et lui croisa les mains sur la poitrine.

Il déchira de son vêtement des lambeaux de tissus et s'en appliqua un sur la bouche, et l'autre sur le visage de son frère. Se reprenant la main, ils continuèrent en direction du Temple, d'où venaient encore des cris et des lamentations.

Des bruits de fer, de métal se firent entendre. On bataillait dans cette direction. Les deux jumeaux pouvaient apercevoir le reflets de lames brillantes illuminées par à coups par les flammes. Courant plus vite, ils allèrent se cacher derrière un gros rocher pour observer ce qui se passait : des gens en armure passaient au fil de l'épée des prêtres du Temple. L'aîné sentit une bouffée d'adrénaline lui passer comme du feu dans les veines et il se prépara à se jeter sur les assaillants ; mais son frère lui secoua la manche en secouant la tête.

"Mais Beryl !" s'écria-t-il, furieux. "Si on ne fait rien, ils vont tous mourir ! Je peux les arrêter !"

Le dénommé Beryl secoua encore la tête.

"Je n'ai pas d'épée, et alors ?! Je peux bien en tuer quelques-uns à main nue !"

Mais il n'eut pas le temps de mettre son projet à exécution. Une silhouette émergeait des portes fracassées du Temple : elle portait une armure dorée qui se couvrit presque immédiatement de cendres et de scories. Dans sa main, ils purent distinguer comme un éclat rouge brillant, qui pulsait, comme un coeur battant, et qui disparu bientôt dans un pan de sa cape.

Une rafale de vent chaud souleva une grande natte de cheveux blonds dans le dos de l'inconnue. L'aîné des frères voulut se jeter sur elle, ne sachant pas ce qu'elle avait volé, mais éprouvant en lui-même une haine viscérale pour cette guerrière inconnue qui semblait se pavaner sur le seuil du Temple détruit, comme s'il lui appartenait. Elle était responsable, il le savait, il le sentait, c'était elle qui avait décidé de tout cela.

Mais Beryl le retint encore par la manche, poussant des sanglots silencieux. Par amour pour lui et aussi parce qu'il sentait que cette guerrière n'était pas n'importe qui, l'aîné se rencogna dans leur cachette, attendant que l'inconnue fut passée. Une fois que la cape dorée de cette sinistre messagère de la mort fut passée, emportant avec elle ses corbeaux de malheur, ils se précipitèrent aux portes du Temple, jetées bas comme des fétus de paille.

Les flammes faisaient rage à l'intérieur, et les deux jumeaux sentirent au fond d'eux que ce n'était pas un feu ordinaire ; il semblait vivant, se tordant comme une bête agonisante, dévorant tout sur son passage, même ce qui n'aurait pas dû brûler. Mettant ses mains en porte-voix devant sa bouche, l'aîné cria :

"Fery !! Où es-tu, Fery ! Réponds !"

Mais aucune réponse ne vint. Plus personne ne vivait dans ce lieu, ce n'était plus qu'un tombeau de feu mortel, ultime demeure des prêtres et prêtresses qui gisaient sur le sol et qui l'avaient visiblement défendu jusqu'à leur dernier souffle.

Découragés, suffoqués, ne sachant que faire, ni ce qui s'était vraiment passé, les deux frères ressortirent rapidement du bâtiment, juste au moment où une langue de feu particulièrement impressionnante s'en échappait, manquant les rôtir de peu.

Revenant sur leurs pas, moitié courant, moitié rampant, les jumeaux se trouvèrent devant une maison qui n'avait pas brûlée comme les autres, la leur, celle qu'ils partageaient avec leur mère adoptive, Ferypenda, restée introuvable. Elle n'était pas non plus à l'intérieur. L'aîné lâcha la main de son cadet, et monta prestement au deuxième étage. Dans ce qui avait été sa chambre et celle de son frère, il fouilla avidement sous le lit unique et en dégagea un morceau d'étoffe. Enroulée dedans, il y avait une épée, au plat large, coupante d'un côté et hérissée de courtes pointes de l'autre. S'en emparant, il redescendit l'escalier, retrouvant Beryl, qui, les mains sur le visage pour retenir son masque de fortune, l'avait sagement attendu. Il le prit par les épaules et lui dit, la voix étouffée :

"Beryl, il faut s'en aller. Ne me demande par pourquoi, je sais que c'est ce qu'il faut faire. Il faut fuir. Il n'y a plus rien pour nous ici."

Il refoula difficilement une vague de larmes qui lui montait aux yeux. Beryl hocha la tête et posa sa main sur l'épaule de son frère, comme pour le consoler. Lui aussi avait les larmes aux yeux.

"Viens, vite, sinon on va finir par mourir étouffés !'

Se reprenant encore par la main, la tête basse, ils se dirigèrent vers la sortie du village, vers le nord et les Pics Volcaniques. Ils ne virent aucun survivant sur leur route, les hommes, les femmes et les enfants gisaient morts, tués à coup d'épée ou de suffocation. Ils durent avancer sans se retourner, en sachant qu'aucun d'eux n'aurait droit à une sépulture décente, et cela plus que tout autre chose les rendit si malheureux que leurs larmes ne purent plus être contenues. Ils laissaient derrière eux la seule vie qu'ils avaient connu, les seules personnes qui avaient compté pour eux, et même s'ils ne faisaient pas entièrement partie de ce peuple, ils savaient qu'ils ne pourraient jamais trouver un endroit où ils se sentiraient de nouveau chez eux.

Peinant, suffoquant, toussant, ils arrivèrent finalement à l'endroit où ils s'étaient trouvé pour ramasser des pierres flambeaux. S'asseyant quelques instants, se prenant dans les bras l'un de l'autre, ils communiquèrent de la façon dont ils avaient l'habitude, en se touchant, en se regardant, en se parlant avec leur esprit, terrifiés de réaliser que tout le monde était mort mais aussi de comprendre la chance qu'ils avaient eu d'être encore ensemble, bien vivants.

Ramassant le sac de pierres flambeaux, l'aîné se redressa et comme il l'avait déjà fait, il contempla au nord les montagnes menaçantes, qui semblaient se moquer de lui par-delà la distance, l'invitant à les dompter, à les maîtriser. Et ce fut exactement ce qu'il envisagea de faire. Il regarda son frère dans les yeux :

"Cette région est devenue dangereuse. Si on reste là, on mourra de faim et de soif. Je sais que tu as peur, mais il va falloir avancer par là..."

Beryl serra la main de son frère, ses yeux s'écarquillèrent et de nouveau des larmes jaillirent.

"Fais-moi confiance !" le rassura son frère. "Rappelle-toi ce que disaient les Anciens, quand ils parlaient du Monde Extérieur : le monde ne se limite pas à ses montagnes. Il doit y avoir quelque chose là-bas, de l'autre côté, et peut-être d'autres gens qui pourront nous aider..."

Son jeune frère muet lui rendit un regard ou se mêlait la perplexité et le doute.

"Oui, je sais, je veux retrouver cette femme, lui faire payer ce qu'elle a fait !" tonna l'aîné. "Et ce n'est pas en restant ici que j'y arriverai ! On peut le faire ! Il faut traverser ces montagnes, et si personne ne l'a encore fait, je peux te jurer que nous seront les premiers !"

Mais il s'interrogea un instant : ces soldats inconnus, il ne les avait jamais vu, ils n'étaient pas d'ici. Etaient-ils du Monde Extérieur ? Ils avaient donc traversé les Pics Volcaniques. Et ils étaient d'ailleurs sûrement en train de rebrousser chemin vers le nord en ce moment... Qu'étaient-ils venus chercher ? Pourquoi s'en prendre à un village isolé comme TigrEye ?...

Plein de ces questions mais résolu à y trouver une réponse, le jeune homme passa le sac de pierres flambeaux sur son épaule et de l'autre main, il saisit celle de son frère, légèrement tremblant à l'idée du périple qui les attendait...

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Leur marche s'était faite moins pénible depuis qu'ils s'étaient éloignés du foyer de l'incendie. Toutefois, ils avançaient lentement, tant à cause de leur abattement moral que de la difficulté du terrain, creusé d'ornières, de trous traîtres et même de précipices, les obligeant parfois à des contournements sur plusieurs mètres. Ils marchaient tête basse, les bras ballants et sans parler la plupart du temps, bien que n'ayant pas besoin de leur langue pour discuter.

Parfois, Beryl avait du mal à passer un obstacle et son frère devait l'aider à escalader un rocher ou à sauter par-dessus un trou. Il était vrai qu'avec la robe ample qu'il portait, il ne lui était pas facile de se débrouiller, et il dût même le porter à diverses reprises.

La Lune semblait plus grande ici que près du village, signe qu'ils avançaient bel et bien même si les distances semblaient trompeuses. La Lune était toujours visible dans le ciel, de jour comme de nuit, mais la nuit elle était bien plus brillante évidemment, et sa puissance magnétique était plus forte. Elle avait toujours exercé une attraction particulière sur les deux frères, comme si elle veillait sur eux de là-haut, comme une mère qui aurait perdu ses enfants. Les jumeaux avançaient toujours en regardant l'astre céleste, certains que si ils ne la quittaient pas des yeux, ils ne se perdraient pas.

Un ensemble rocheux assez impressionnant se découpa dans la clarté diffuse. De forme arrondie, ovoïde même, un rocher éclaté en son centre laissait entrevoir une autre couche rocheuse, plus fine, elle aussi ovale, dont la base était incrustée de pierres précieuses qui brillaient dans la pénombre. L'ensemble semblait étrangement déchiqueté, comme s'il avait implosé. Les deux jumeaux s'attardèrent à cet endroit, contemplant l'étrange édifice rocheux, avec la conviction que c'était de cet endroit que leur avait parlé Ferypenda quand ils étaient petits, quand elle disait en murmurant "Je vous ai trouvé dans une pierre..."

Ils caressèrent les bords déchirés de la coque interne, essayant de se souvenir de ce qui s'était passé à cet endroit jadis, vingt ans auparavant. Les joyaux luisaient paisiblement, sans révéler aucun secret. Ils ne purent rester ici plus longtemps, tiraillés par la soif et la faim, et par le désir de sortir de ce labyrinthe de pierre hostile.

Sur leur route, ils croisèrent les restes d'un campement, un feu de bois mal éteint, et même quelques restes de victuailles. Ils s'en délectèrent comme ils purent, même s'ils savaient que cela avait été laissé là par leurs "ennemis". Par contre, l'eau se faisait rare, et les quelques filets liquides miraculeux qu'ils purent trouver parmi les anfractuosités suffisaient à peine à étancher leur soif.

Ils s'arrêtèrent quelquefois pour se reposer mais pas trop longtemps. Ils utilisaient des pierres flambeaux afin de faire du feu. L'aîné des frères compta ainsi trois jours et trois nuits depuis leur départ de TigrEye. Jamais il ne s'était sentit si démuni, si confronté à l'inconnu, et de plus, il avait peur pour son frère. Beryl était craintif par nature, et peu débrouillard, un peu comme un enfant, et si son frère n'était pas là pour s'occuper de lui, il serait quasiment incapable de faire quoi que ce soit tout seul. Il le regarda pendant qu'il dormait, tourné sur le côté, ses poings légèrement crispés, ses lèvres entrouvertes laissant passer son souffle, la tête se balançant doucement, comme pour bercer sa peur...

Comme il l'aimait...

Si seulement il pouvait être "normal"... A son âge, son Don aurait déjà dû se manifester. Lui avait obtenu son Don à l'âge de douze ans, comme la plupart des gens, mais Beryl, lui, ne suivait pas le mouvement. C'était comme... bloqué à l'intérieur de lui, tout comme sa voix. Beryl n'était pas dans l'incapacité physique de parler, seulement... il ne parlait pas, voilà tout. Son frère arrivait toujours à comprendre ce qu'il voulait dire, en lisant ses expressions et aussi ses pensées. Peu de gens y arrivait.

Il était décidé à s'occuper de Beryl tout le temps qu'il faudrait. Et si cela ne changeait jamais ? S'il restait comme ça pour toujours ? S'il était condamné à ne jamais devenir un adulte ?...

L'aîné vint secouer son cadet, doucement, pour le sortir du sommeil.

"Beryl, on a assez dormi. Il faut repartir."

Et ils se remirent en route, toujours avec aussi peu d'entrain, mais avec l'espoir que le bout du chemin était peut-être derrière la prochaine montagne.

Ils finirent par prendre beaucoup d'altitude. Du point où ils étaient, ils pouvaient même apercevoir TigrEye, du moins ce qu'il en restait, un point fumant au fond d'une grande dépression naturelle.

C'est alors qu'une grande ombre accompagnée d'une grand bruissement d'ailes apparut au-dessus d'eux. Les deux frères se jetèrent à terre à l'instant où le grand Drakone passait sur eux, le cou allongé, les griffes dehors, les ailes déployées au maximum. Il avait surgi d'au-dessus de la crête, et fonçait maintenant vers la vallée. Il n'avait visiblement pas remarqué les deux jeunes gens à plat ventre ; son vol le porta bien loin, en bas, vers le village, au-dessus duquel il opéra un vol stationnaire, semblant attendre quelque chose.

Aussitôt, un autre Drakone, encore plus grand que le premier, apparut au sud, et fondit également sur le village, suivit d'un autre congénère, et puis d'un autre. Jamais les deux frères n'avaient vu autant de Drakones à la fois. Les énormes bêtes semblèrent s'engager dans un conciliabule, fait de grognement et de couinements. Puis, comme si un ordre avait été donné, ils se jetèrent sur ce qui restait du village. Tout ce qui n'avait pas encore brûlé succomba sous les feux démoniaques de ces monstres, qui balayaient de leurs queues massives les derniers restes de civilisation de ce coin de vallée. De leurs crocs, ils dévorèrent les corps restés là, comme de vulgaires proies, trop contents de ne pas avoir à se donner de peine...

Les deux frères étaient loin et pourtant ils voyaient parfaitement ce qui se passait, autant avec leurs yeux perçants qu'avec leurs coeurs meurtris. Ils se prirent les mains et murmurèrent une prière silencieuse pour le repos des âmes des défunts, si cruellement profanés. De la fumée s'éleva de nouveau du village détruit, et de temps en temps, un hurlement de Drakone se faisait entendre.

Le village avait toujours été protégé des Drakones, jamais ils ne s'en étaient approchés jusqu'à maintenant, mais quelque chose avait dû les appeler. Ou alors peut-être que c'était le pouvoir des prêtres qui avait protégé l'endroit jusqu'à maintenant, ou celui du Temple... L'aîné des deux frères regrettait de ne pas avoir posé plus de questions à ce sujet à Ferypenda...

S'élevant toujours plus haut, la pente se fit plus raide encore, et bientôt, ils durent même ramper afin d'avancer plus efficacement. Cette nuit-là, ils dormirent sous un gros rocher en surplomb, Beryl la tête sur les genoux de son frère. Celui-ci, tellement fatigué par l'effort de la journée, connu un sommeil absolu cette fois.

Le lendemain, ils se mirent en quête d'un peu d'eau. L'air était bien plus vif et plus pur aussi. Un filet d'eau, presque un ruisseau en fait, courait depuis le nord jusqu'à eux. Ils burent jusqu'à éclater cette eau délicieuse, dans laquelle il n'y avait aucune trace de cendre. Prenant leur courage à deux mains, ils entamèrent ce qu'ils espéraient être la dernière montée. Ils avaient repris des forces et ils trouvèrent même quelques racines comestibles sur leur route, qu'ils firent cuire en guise de petit déjeuner. Le village était loin à présent et même Beryl semblait avoir retrouvé un certain entrain. L'aîné tendit la main à son frère afin de l'aider à passer un rocher coupant, et ils se trouvèrent alors tout à coup sur un terrain plat, derrière les montagnes qu'ils apercevaient autrefois de chez eux. Et ce qu'ils virent était au-delà de tout ce qu'ils avaient pu imaginer...

Alors qu'ils n'avaient jamais connu que de la végétation rare et clairsemée, à leurs pieds s'étendaient des arbres. Une mer d'arbres. Ils connaissaient la mer, mais jamais ils n'en avait vu une constituée d'arbres. Tellement serrés qu'on ne pouvait voir le sol. Tellement étendue qu'elle se perdait dans les brumes lointaines du nord. Un vol d'oiseaux passa au-dessus de leur tête et se posa quelque part dans cette verdure. C'était ce que Ferypenda avait appelé une forêt. Leur nez captait des odeurs qu'ils ne connaissaient pas, et leurs oreilles se tendait au doux bruit de chutes d'eau.

Leur calvaire était terminé. Ils avaient trouvé un endroit où la vie régnait en maître. Une vie inconnue pour eux, à découvrir, mais qui les appelait à venir partager ce miracle.

A la vue de tant de beauté, les deux frères manquèrent défaillir. Ils se prirent dans les bras l'un de l'autre et restèrent là, pendant un moment, trop émus pour dire ou faire quoi que ce soit d'autre.

~ Gemminy ~ Tigreye-legendary-fire-2994739faf
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